Monstres et monstruosité à l’opéra-comique pendant la Révolution
Abstract
À la fin de l’Ancien Régime, le goût pour la féérie introduit à l’opéra-comique des personnages monstrueux (Azor, dans Zémire et Azor et Raoul, dans Raoul Barbe-Bleue de Grétry par exemple). D’abord issu de l’univers du conte, ce type de personnages prend une importance dramaturgique inédite dans les premières années de la décennie révolutionnaire. En effet, alors que l’Académie royale de musique entre en sommeil en ne créant que des œuvres de circonstance entre 1790 et 1799, l’innovation musicale se déplace dans les théâtres d’opéra-comique (les théâtres Favart et Feydeau) qui créent des œuvres hybrides à mi-chemin entre opéra et opéra-comique. Ces opéras-comiques, d’une éloquence musicale inédite, vont développer les caractères du monstre tant d’un point de vue dramaturgique que musical. Afin de bien comprendre les enjeux et les différences profondes de la monstruosité à l’opéra-comique dans les quelques années qui séparent la fin de l’Ancien Régime et la décennie révolutionnaire, il est indispensable de s’intéresser à ce que le public peut voir comme personnages ou éléments de monstruosité avant 1789. La confrontation des univers monstrueux de l’Ancien Régime et de la Révolution permettra ainsi d’obtenir un effet de contraste permettant de saisir avec une plus grande acuité l’évolution de la dramaturgie entre 1789 et 1799 tout en déterminant les différents aspects – tant dramaturgiques que musicaux – de la monstruosité pendant la Révolution.